Conclue en 2008, la Convention de Collaboration entre la République Démocratique du Congo et le Groupement d’Entreprises Chinoises relative au développement d’un projet minier et d’un projet d’infrastructures en RDC va pouvoir connaître une réévaluation. Les informations disponibles indiquent que les parties ont abouti à une telle convergence des vues.
Sur instruction personnelle du chef de l’Etat, la Présidence de la République congolaise a même tenu une première réunion fin mars 2023 pour préparer les termes de cette réévaluation sur cet historique partenariat vieux de 14 ans déjà.
Cette nouvelle perspective se dégage des échanges récents entre parties après quelques frictions liées à certains commentaires autour des gains obtenus par les parties contractantes dans le cadre de l’exécution de ladite convention.
Du reste, cette réévaluation rentre dans le cadre normal de l’exécution de cette convention qui le prévoit dans ses dispositions. Son article 18 prévoit, en effet, ce qui suit : « Afin de garantir la bonne exécution du Projet de Coopération, les représentants du Groupement d’Entreprises Chinoises et ceux de la RDC se rencontreront chaque année, au cours du premier semestre à l’initiative de la Partie la plus diligente ».
Le même article précise les matières concernées, à savoir : « la vérification de l’exécution de la présente Convention de Collaboration, la consultation amiable afin de résoudre les éventuelles divergences nées pendant l’exécution du Projet de Coopération (et) les sujets divers relatifs à l’exécution du Projet de Coopération ».
Et l’article 20 stipule que « tout différend relatif à l’interprétation et à l’exécution de la présente Convention de Collaboration doit être réglé en priorité par des discussions amiables entre les Parties ».
A ce stade, l’on peut se féliciter que les parties aient choisi la voie de la raison après certaines divergences autour de l’exécution de cette convention qui ont, récemment, failli envenimer la cordialité des relations qui sous-tendent ce partenariat historique.
Le « contrat chinois » a re-boosté stratégiquement l’économie de la RDC post-conflit et élargi le champ de la coopération gagnant-gagnant pour la Chine sans présager de l’issue de cette évaluation, les analyses objectives soutiennent des perspectives en plus prometteuses dans le cadre de ce partenariat sino-congolais pour l’intérêt de tous.
Et pour justifier ces pronostics favorables, il faut partir du contexte de la conclusion de ce partenariat par rapport, d’une part, aux attentes de la partie congolaise et, d’autre part, à la nouvelle logique de la coopération « gagnant-gagnant » que développait déjà la Chine par rapport à la coopération plutôt contraignante proposée par les partenaires occidentaux et autres institutions internationales.
En 2008, en effet, la République Démocratique du Congo est engagée dans la mise en œuvre du programme du Gouvernement issu des toutes premières élections démocratiques organisées, deux années plus tôt, par le pays depuis son accession à l’indépendance.
Le pays peine, cependant, à trouver des partenariats pour implémenter ce programme ambition basé sur des piliers des cinq chantiers correspondant aux axes de reconstruction dont le pays a besoin pour son lancement sur la voir du développement.
Affaiblie par la conjoncture internationale et, surtout, des années de conflits armés, sans compter les affres de la corruption, la RDC doit, cependant, faire face à une batterie de conditionnalités imposées par différents partenaires et bailleurs, mais auxquelles sa situation ne lui permet pas de faire face.
C’est en ce moment que se présente l’opportunité chinoise qui développe déjà, sous d’autres cieux, son intéressante stratégie de développement par le commerce et les infrastructures, principalement de transport. Une stratégie qui correspond aux attentes du pays qui, en retour, dispose de ressources minières pouvant satisfaire aux besoins du partenaire chinois.
Le partenariat qui se profile alors paraît, à tous points de vue, plutôt attractif pour les congolais puisqu’il répond au besoin urgent d’infrastructures pour relancer l’économie d’un pays qui sort péniblement d’une longue période de conflits. Il a, par ailleurs, l’avantage d’être exempt de considérations politiques et d’autres aspects liés aux droits de l’homme, tout en respectant la souveraineté congolaise.
De plus, le système d’échange des minerais contre les infrastructures garantit à la RDC une balance commerciale avantageuse avec la Chine.Les bénéfices partagés entre la Chine et la RDC
Quatorze années après la mise en œuvre de la convention sino-congolaise, les parties conviennent, malgré les divergences sur des points à clarifier lors de l’évaluation en cours, que ce partenariat a historiquement été bénéfique pour la RDC et la Chine pendant cette période plus que lors des précédentes années de coopération établie en 1973.
A ce jour, en effet, la RDC bénéficie de la présence de plusieurs investisseurs chinois dont certains dans le secteur minier, faisant de la Chine le plus grand partenaire dont le poids représente au moins 75% des investissements étrangers.
Pour ne prendre que le support minier de ces investisseurs, ceux-ci ont réalisé, à fin 2022, de nombreuses tonnes de cuivre et de cobalt pour plusieurs milliards USD. Ces investissements ont rapporté au pays des centaines de milliers d’emplois.
Ces évaluations peuvent porter également sur l’impact collatéral du « contrat chinois » par l’attrait d’autres investisseurs internationaux en RDC ayant entraîné une notable augmentation de la capacité congolaise de production minière.
De même, la RDC a, ces dernières années, pu avoir un ancrage sur le stratégique marché chinois, autant que les dividendes engrangés des activités des investisseurs chinois en RDC qui ont rapporté gros à son budget, etc.
Il est, par ailleurs, clair que la partie chinoise a tiré des bénéficies de ce partenariat, sans quoi la présence chinoise en RDC ne serait pas allée croissante durant les 14 dernières années.
Une présence qui s’est accrue dans un environnement économique peu favorable au regard des multiples contraintes du climat des affaires.
Réévaluer la convention sans complexe, le respect mutuel et la préservation des acquis. Aujourd’hui, il est judicieux de reconnaître que, contrairement au négativisme qui caractérise un certain discours dans l’espace médiatique, les quatorze années que les congolais et les chinois partagent ont apporté de profondes transformations qui ont profité à toutes les parties.
Quatorze années, une période particulièrement longue dans un monde en transformation et bousculé par des luttes de positionnement des puissances traditionnelles face aux forces émergentes.
Il ne fait l’ombre d’aucun doute que cette dimension du partenariat remportera l’intérêt des différentes parties pour continuer à regarder dans la même direction. Ceci est d’autant plus rassurant que les évaluations attendues l’ont été à la requête de toutes les parties, y compris les investisseurs chinois à travers leur représentant, M. Gong Qingguo, Président de l’Union des Sociétés Minières aux Capitaux Chinois (USMCC).
En effet, dans une lettre adressée le 5 mars 2023 au Président de la République, Félix Tshisekedi, M. Gong Qingguo en appelait à cette évaluation pour « régler adéquatement les divergences et d’aider les entreprises à résoudre leurs problèmes afin de réaliser le développement commun ».
C’est suite à cet appel, entre autres, que le Président Tshisekedi a convoqué les réunions d’évaluation dont la première a eu lieu deux semaines après cette lettre.
Le souci à partager dans la préservation de la coopération si agissante entre la Chine et la RDC est de préserver l’ambiance de la coopération tout en préservant l’image des parties ainsi que la confiance mutuelle.