Les acteurs politiques congolais, opposition tout comme majorité, ainsi que la population congolaise sont désormais fixés sur l’organisation des futures élections en République démocratique du Congo. La date de la fin du régime Tshisekedi est connue du grand public. La commission électorale nationale indépendante (CENI), vient de baliser le chemin en rendant publique la Feuille de route du processus électoral 2025-2029.
Cette publication intervient après l’organisation des élections générales du 20 décembre 2023 et l’atelier d’évaluation à mi-parcours du processus électoral 2021-2024 et conformément à sa mission constitutionnelle d’assurer la régularité des processus électoraux, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) publie, par sa décision n° 005/CENI/AP/2025 du 4 avril 2025.
Cette feuille prévoit les élections générales, dont la présidentielle et les législatives nationales et provinciales, le 16 décembre 2028. Celle la présidentielle est la plus attendue par les congolais, dont l’opposant en particulier, car elle mettra fin au règne de 10 ans de Félix Tshisekedi.
À la tête de la RDC depuis 2019, après une passation démocratique et civilisée du pouvoir avec son prédécesseur, Joseph Kabila, Félix Tshisekedi conduit la majorité présidentielle «union sacré depuis 2021 lors de la rupture de la coalition « FCC-CACH». Accusé de megestion par l’opposition et une frange de la société civile, Félix Tshisekedi a pu renouer des alliances politiques afin d’espérer poser les jalons du développement de la RDC sous le slogan «Peuple d’abord».
Il tendra les bras aux leaders de l’opposition à l’instar de Moïse Katumbi et Jean Pierre Bemba pour former le gouvernement d’Union sacrée. Ce gouvernement connaîtra plus tard des fissures après le désengagement de Katumbi, Sesanga et quelques autres acteurs, avant la présidentielle de 2023.La même année de 2021, la rébellion du M23 «vaincue » sous Joseph Kabila en 2012-2013, reprendra ses activités dans le territoire de Rutshuru. Elle va réussir à occuper plusieurs zones stratégiques, dont la cité de Bunagana.
Soutenu par de grandes figures emblématiques de la scène politique congolaise, Modeste Bahati, Sama Lukonde, Vital Kamerhe, Christophe Mboso, Jean Pierre Bemba, et tant bien Félix Tshisekedi tentera de renforcer la cohésion nationale autour de son gouvernement pour vaincre l’ennemi. Sans oublier les démarches diplomatiques auprès de grandes forces mondiales pour obtenir le retrait des rebelles des zones occupées. Mais tous ces efforts seront vains car le M23 va continuer à progresser dans le Rutshuru et dans le Masisi.
En dehors de la guerre appuyée par le Rwanda, Félix Tshisekedi fait également face à la situation socio-économiques où les congolais décrient le manque de la stabilité macroéconomique, la famine, le chômage des jeunes, le manque d’infrastructures de qualité, et tant vient d’autres maux qui rongent le Congo-Kinshasa. Il est également évident de noter des cas des dénonciations par les politiques et la société civile des arrestations arbitraires de certains opposants ainsi que de l’administration tribalo-ethnique au sommet de l’ÉtatLa frustration va monter très vite avant la présidentielle de 2023.
Les discours séparatistes et de haines prendront de l’ampleur contre certains candidats à l’instar de Moïse Katumbi, leader de Ensemble pour la République. Il est accusé de ne pas être congolais à 100%. Martin Fayulu, Denis Mukwege et Adolphe vont également se lancer dans la course. Au finish, Tshisekedi battra ses adversaires largement avec plus de 70% des suffrages. Sa victoire sera une fois de plus contestée, mais la roue restera la même en sa faveur.
Au début de son deuxième mandat, Félix Tshisekedi annonce clairement devant ses sympathisants, au pays comme dans la diaspora ses intentions de modifier la Constitution. Selon lui, la loi du 26 février 2006 a été élaborée par les étrangers et ne garantit pas à la RDC sa souveraineté totale. Sa modification permettra de résoudre les problèmes auxquels le Congo fait.
Il avait annoncé début janvier 2025, la mise en place d’une Commission chargée d’analyser cette démarche. C’est là que l’Alliance fleuve Congo (AFC), une coalition politico-militaire des groupes de partis politiques derrière l’ancien président de la CENI Corneille Nangaa, alliée au M23, va se décider d’arrêter les ambitions de Félix Tshisekedi, qui consiste d’après les dirigeants de ce mouvement de vouloir s’eterniser au pouvoir le plus longtemps possible. Ils l’ont accusé de dictateur.
L’AFC va accélérer sa pression à Masisi et Rutshuru jusqu’à Goma et Bukavu, début janvier 2025. Ils prendront le contrôle de ces deux villes dans des combats aux conséquences néfastes, dont le décès d’un haut gradé de l’armée congolaise, le Général Péter Chirimwami, Gouverneur militaire du Nord-Kivu. Ces combats ont occasionné plusieurs décès, des violences sexuelles sur les femmes et filles dont les enfants, des pillages. Bref, des crimes contre l’humanité pour lesquels les instances judiciaires internationales devraient diligenter des enquêtes.
En prenant le contrôle de ces deux villes stratégiques, l’AFC/M23 soutenu par le Rwanda tente de pousser le Président Tshisekedi à la porte afin d’abandonner le pouvoir pour une éventuelle transition dans le but selon eux de pouvoir réorganiser la RDC. Chose que Félix Tshisekedi et tout son gouvernement ne veulent pas entendre. Avec le soutien de sa base, Félix Tshisekedi s’oppose à toute idée de trahir sa nation par des alliances avec l’ennemi.
Il multiplie ses démarches à travers les organisations régionales, sous-régionales et internationales, dont les Nations-Unies et l’Union européenne pour obtenir des solutions durables. Encore en fonction, conformément à l’actuelle Constitution, Félix Tshisekedi jouit de la légitimité de son pouvoir et pourra le conserver jusqu’à l’installation du prochain Président élu. Pour l’instant, il reste le maître à jouer malgré les combats auxquels il fait face de ses adversaires politiques et rebelles.
Actuellement, Tshisekedi a initié des consultations politiques (en cours) pour la formation d’un gouvernement d’Union nationale, mais ces dernières sont boycottées par les leaders de l’opposition. L’opposition ne jure que sur sa démission.

