L’image a fait le tour des réseaux sociaux : Nicolas Kazadi, assis parmi les élus UDPS lors de la réunion politique convoquée par Augustin Kabuya. À côté de Peter Kazadi, ancien vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, l’ex-ministre des Finances n’a affiché aucun remords après sa récente boulette communicationnelle.
Le double langage de Nicolas Kazadi
Dans sa sortie médiatique, l’ancien ministre avait pourtant été sans équivoque : il dénonçait l’entourage du chef de l’État et la jouissance effrénée des mandataires publics. Sa posture semblait alors être celle d’un repentis, prêt à quitter le régime Tshisekedi pour rejoindre l’opposition.
Son message aux Congolais ? « Vous nous avez confié le pouvoir, mais nous le gérons mal. N’attendez rien de nous. »
Pourtant, le voilà qui participe activement à une réunion stratégique de l’UDPS, envoyant cette fois un tout autre signal :
« Je vous ai dit de ne rien espérer de nous car nous échouons, mais nous nous réunissons malgré tout pour verrouiller notre maintien au pouvoir. Peu importe ce que vous pensez ».
L’UDPS et Kabuya : une victoire en demi-teinte
Augustin Kabuya, en pleine bataille pour assoir son leadership face à la fronde de Deo Bizibu et d’autres cadres du parti, a vu dans cette mobilisation une victoire. Sur sa page Facebook, il s’en est félicité : « 105 députés nationaux présents, une participation massive et significative « .
Mais cette satisfaction dissimule un angle mort : la présence toxique de Kazadi.
Le parti aurait pu exclure ou sanctionner l’ancien ministre des finances, dont les déclarations ont ébranlé la crédibilité du régime. Au lieu de cela, l’UDPS lui offre une nouvelle tribune, comme pour signifier aux Congolais : « Ses propos ne nous choquent pas. Nous priorisons la conservation du pouvoir, peu importent les critiques ».
Questions sans réponses qui hantent l’avenir du pays
- L’UDPS a-t-elle renoncé à l’éthique et à la probité ?
- Ignore-t-elle l’impact des révélations de Kazadi sur l’image internationale de la RDC ?
- Assume-t-elle ouvertement sa défiance envers le peuple ?
Ces interrogations dessinent les contours d’une crise politique profonde.
2019-2024 : l’espoir trahi
L’arrivée au pouvoir de l’UDPS avait soulevé un vent d’optimisme après 37 ans d’opposition. Mais le bilan est accablant :
- Jouissance des privilèges
- Impréparation chronique
- Corruption et clientélisme systémiques
- Désorganisation institutionnelle
- Politiques publiques abandonnées
Certains cadres l’admettent désormais ouvertement, comme en témoignent des vidéos virales : « Nous avons échoué. Nous avons servi nos intérêts, pas le peuple. ».
Dernière chance pour l’UDPS ?
Le parti doit urgemment :
- Se réformer en profondeur
- Restaurer la confiance par des actes
- Proposer un projet crédible pour le Congo
Si Félix Tshisekedi peut encore incarner un espoir de stabilité, c’est à l’UDPS de se remettre en question. Sans cela, la fierté perdue de ses sympathisants ne reviendra pas.
Ambroise Mamba Ntambwe, Journaliste et chercheur en sciences politiques

