Cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS-Tshisekedi) et ressortissant de la province du Kasaï Central, Fiston Balanganayi Kabutakapua, fait à travers une interview accordée au Journaliste Crispin Phocas Mulumba Mayimbu une analyse succincte sur les élections du nouveau gouverneur de cette province, l’échec du candidat de l’UDPS, la gestion de l’ancien gouverneur Kabeya et les perspectives d’avenir.
Journaliste : Le Kasaï Central a un nouveau gouverneur depuis ce lundi 29 avril. Dites-nous comment vous avez acceuilli cette nouvelle ?
Fiston Balanganayi : C’est un exercice démocratique qui a eu lieu dans pratiquement toutes les provinces de la République démocratique du Cingo. Il faut retenir qu’étant de la famille politique du Président et de l’ancien gouverneur John Kabeya, il y a un peu cette frustration, ce sentiment d’avoir perdu, mais face à cette évidence, on ne peut pas faire autrement. On a acceuilli cette nouvelle avec beaucoup d’esprit sportif, ça reste un exercice démocratique. Nous ne pouvons pas faire autrement, voilà, nous l’avons reçu comme tout acteur qui s’est engagé en politique avec un esprit de sportivité, d’acceptabilité de toute évidence face à la réalité.
Journaliste : Votre parti n’a aucun siège au sein du Bureau de l’Assemblée provinciale et l’UDPS vient de perdre le gouvernorat, n’est-pas un déficit stratégique du parti présidentiel dans votre province du Kasaï Central ?
Fiston Balanganayi : «Il ne faut pas prendre les choses dans cet angle, je voudrais vous rappeler que le Kasaï Central est le bastion de l’UDPS, l’UDPS compte plusieurs provinces où elle est implantée comme formation politique. Quand nous parlons du Kasaï Central, c’est l’une des provinces où l’UDPS est vraiment dans le sang de tous les fils et toutes les filles du Kasaï Central. Il faut avoir une vision plus large pour se dire que l’UDPS ne va pas se sentir frustrée parce que si un de ses fils n’a pas réussi à gagner un siège, peut-être une de ses filles l’aurait gagné. Donc, je pense qu’il faut prendre les choses dans cet angle, féliciter le gagnant.»
Journaliste : Beaucoup de centres kasaiens pensent que le SG de l’UDPS Augustin Kabuya est à la base du non avancement de leur province en voulant imposer un candidat gouverneur au détriment de la volonté du peuple, êtes-vous de cet avis ?
Fiston Balanganayi : «Je ne suis pas de cet avis, dire que le Secrétaire général de l’UDPS Augustin Kabuya est entrain de freiner la province, c’est faux, il est entrain d’imposer le candidat c’est faux, la preuve ce qu’aujourd’hui vous avez vu un candidat issu de l’UDPS a perdu les élections. Il faut se rendre compte aujourd’hui que nous avons manqué un vrai leadership au sein du Kasaï Central. Tous les fils et toutes les filles du Kasaï Central voient en premier leurs intérêts personnels. Je voudrais dire ici que ramèner la faute aux autres n’est pas un acte de responsabilité. Augustin Kabuya c’est quelqu’un qui a toujours recouru à l’apaisement, au rassemblement, c’est quelqu’un qui fait son travail en tant que responsable d’une formation politique…»
Journaliste : Pour vous qu’est-ce qui a manqué à John Kabeya pour rempiler à la tête de la province du Kasaï Central ?
Fiston Balanganayi : «Le temps n’est peut-être pas bien choisi pour dire ce qui a manqué à John Kabeya, à qui je souhaite tous les encouragements possibles. Vous allez vous rendre compte, dans une bataille politique, il va falloir miser sur ses stratégies, je crois que si l’une n’a pas marché aujourd’hui, peut-être demain ça pourra marcher. Comme membre d’un parti politique, c’est un échec qui va faire matière à réflexion à des jugements, au sein de l’UDPS, cela va en tant que membre et cadres nous servir des leçons pour que très prochainement que pareilles situations ne nous arrivent plus. C’est une responsabilité qui nous incombent à tous.»
Journaliste : A propos du nouveau gouverneur, Joseph Moïse Kambulu?
Fiston Balanganayi : «Je profite aussi pour féliciter le nouveau gouverneur du Kasaï Central qui peut compter sur tous les fils et filles parce qu’il est impératif aujourd’hui de parler développement, parler développement pour un chef, il y a un sens, le sens du rassemblement, ramener tous les fils et files du Kasaï Central autour d’une table, les associer dans la gestion ou dans certains dossiers plus importants, faire appel aux députés nationaux qui sont issus des élections du 20 décembre dernier pour que ceux-ci l’accompagnent dans ses plaidoyers, recherche des investissements pour le Kasaï Central, je crois qu’avec cette nouvelle classe politique au sein de l’organe délibérant du Kasaï Central, ça fera que démain qu’on puisse se dire le développement est encore possible.»
Journaliste : Comment voyez-vous l’avenir de la province du Kasaï Central sans l’UDPS au gouvernorat?
Fiston Balanganayi : «Écoutez, la politique, elle est faite pour ceux qui ont les nerfs pour supporter, l’UDPS a milité plusieurs décennies pour accéder au pouvoir, chose qui a été faite, l’accession de l’UDPS au gouvernorat du Kasaï Central a été un grand succès, toute gestion a toujours des difficultés et des erreurs à pouvoir assumer. Et aujourd’hui il est temps de pouvoir faire une évaluation»
Journaliste : Vous acceptez que la première expérience de l’UDPS à la tête du Kasaï Central a été un fiasco ?
Fiston Balanganayi : «Je n’admets pas cela et je n’infirme pas non plus parce que vous savez qu’il y d’une part la responsabilité personnelle, la capacité personnelle à pouvoir manager des projets, de pouvoir conduire la province, ce qui a été une responsabilité personnelle de l’individu John Kabeya, mais il y a aussi une responsabilité de la ligne politique édictée par la formation politique qui est l’UDPS.»
Journaliste : Avez-vous autre chose à dire aux centres kasaiens ?
Fiston Balanganayi : «Je voudrais dire merci aux centres kasaiens et surtout aux députés qui ont fait librement leur choix. Nous saluons ce choix et promettons attachement et accompagnent au nouveau locataire du bâtiment administratif et nous voudrions par la même occasion remercier cette politique qui est restée dans l’effervescence, engagée, dans l’écoute pour voir le changement au Kasaï Central. Mais c’est aussi une responsabilité citoyenne pour pouvoir imposer un style de travail, de suivi et évaluation, une sorte d’accompagnement citoyen pour que le nouveau locataire du bâtiment administratif ne puisse pas déraper de la ligne dont a besoin cette population.»
Fin