Le 20 septembre 2022, pendant que se tenait à New York la 77ème session ordinaire de l’ONU, Jules Alingete recevait dans la même ville le prix « Forbes Best of Africa 2022 »institué par le magazine américain Forbes fondé par Bertie Charles Forbes en 1917. Son siège social est situé sur la Cinquième Avenue à New York. Son classement annuel identifie les entreprises les plus performantes et lespersonnalités les plus célèbres au monde.
Fait du hasard ? Pas du tout parce qu’en avril 2022, Jules Alingeke avait participé à un Forum des investissementsNord-Sud organisé par Anthony Lebukse à Houston avec comme thème « S’inspirer du modèle américain pour booster l’industrialisation de la zone Congo ». L’objectif affiché était « le rapprochement entre les décideurs congolais et les investisseurs américains, le mixage d’opportunités d’affaires entre les pays de l’Amérique du Nord et ceux du bassin du Congo, ainsi que le renforcement de la présence économique américaine au Congo ».
Bien entendu, il avait été question d’exploitation minière en RDC avec, en toile de fond, la révisitation du contrat sino-congolais.
Au mois d’août 2022, de passage à Kinshasa dans le cadre de la crise de l’Est, le secrétaire d’Etat américain Anthony Blincken y avait fait allusion. Dans la déclaration du Département d’Etat fixant l’opinion sur cette visite, le porte-parole soulignait que « les États-Unis soutiennent la décision du gouvernement de la RDC de revoir les contrats miniers et une plus grande responsabilisation dans le secteur » et encouragent « la RDC à poursuivre sa collaboration et à travailler sur la transparence fiscale, les droits du travail et le respect des normes environnementales, sociales et de gouvernance pour le secteur minier ».
Pour ce faire, poursuit le porte-parole du Département d’Etat, Washington mettait à la disposition de Kinshasa USD 30 millions « pour aider la RDC à promouvoir des pratiques minières responsables et durables ».
Et voilà qu’en septembre 2022, en mission d’enquête de 60 jours dans l’ex-Katanga, une équipe de l’IGF va non seulement convoquer hors-délai la Direction générale de l’IGF, mais en plus décider de la suspension des droitsd’exonération douanière alors qu’elle n’en avait ni la compétence ni le droit.
Où était-il, Jules Alingete, au moment où son équipe violait toutes les règles établies ?
On vous le donne en mille : il se faisait offrir à New Yorkle fameux Prix « Forbes Best of Africa 2022 ».
Encore fait du hasard ? Pendant que ceux qui peuvent répondre s’y exercent, il y a lieu de relever le « supplément d’enquête » exigé par l’IGF la veille du sommet « Etats-Unis/Afrique » mi-décembre 2022.
Le constat auquel toutes ces coïncidences conduisent fait soupçonner dans la bravade de l’IGF une main noire. Elle serait américaine que personne ne s’en douterait.
En effet, depuis quasiment l’annonce de la signature du contrat sino-congolais en 2007, Washington n’a jamais apprécié ce qu’on considère comme une « intrusion chinoise »dans l’exploitation minière en RDC, activité monopolisée par les entreprises occidentales depuis plus d’un siècle.
Or, les Congolais s’en sont rendus compte par eux-mêmes : depuis les années 1985, il n’y a plus eu d’investissements européens ou américains de grande envergure dans ce pays. Pire, la transition politique démarréeen 1990 avec le faux massacre d’étudiants survenu sur le campus de l’université de Lubumbashi (né en 1963, Jules Alingete avait 27 ans à l’époque) avait entraîné la suspension de la coopération structurelle. Pis, la guerre de l’Afd suivie de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila ainsi que del’avènement de Joseph Kabila en pleine « balkanisation » -puisque chaque belligérant administrait en autonomie le territoire sous son contrôle – constituait pour les Occidentaux un bon prétexte d’accentuer le désinvestissement.
C’est finalement le contrat sino-congolais qui a restitué la foi et requinqué le moral des Congolais dans leur pays augrand dam, malheureusement des forces congolaises et étrangères acquises au schéma du démembrement.
De là à supposer alors l’instrumentalisation – peut-être volontaire, peut-être non volontaire – de l’IGF pour punir les Chinois d’avoir empêché le plan « balkanisation » de se réaliser – il n’y a qu’un pas vite franchi.
De quoi inciter, ou plutôt exhorter Jules Alingete et tous ceux qui, de manière consciente ou inconsciente, ont participé à la messe noire du 15 février 2023 pour « bouffer du chinois », à apprendre à se méfier du cadeau des Grecs des temps modernes.
SM/Correspondance particulière